La Savate - Le Go-Pass, c'est - encore un peu

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La SNCB vient de rendre publique sa nouvelle politique tarifaire. A côté de quelques mesures intéressantes (une carte de réduction pour les utilisateurs réguliers, par exemple), c'est une fois de plus vers le haut que se dirigeront les tarifs de notre société nationale des chemins de fer. Eh oui ! Parallèlement à cela, notons que l'on assiste à l'accès à la gratuité de certaines catégories sociales : les fonctionnaires, les personnes âgées, les enfants,... Vous avez dit cohérence ? Sur le fait que la SNCB est - encore - nationale, et publique, nos informations datant de la semaine dernière, on évitera, si quelque anachronisme s'est glissé dans cet article, d'en vouloir à son rédacteur qui ne sait plus trop à quels saints du fédéralisme belge se vouer, Polycarpe lui-même s'étant fait débaucher.

Parmi ces augmentations, jugées suffisamment insignifiantes au regard du contrat de gestion de la SNCB pour ne pas devoir faire l'objet de l'accord du ministre de tutelle, on notera une augmentation du prix du Go-Pass de 60 francs alors qu'il avait déjà augmenté de 70 francs dernièrement. Vous vous en souvenez ? La nouveauté de cette année ? L'interdiction de l'utiliser avant 9 heures ! La SNCB nous répond que cela permet de privilégier les navetteurs, en dégageant les plages horaires du matin et qu'il existe une carte « campus » pour les étudiants (très restrictive cependant dans le nombre de semaines durant lesquelles elle est valable, valables uniquement pour un trajet donné et chère pour les moyennes et longues distances). Certes. Tout cela est effectivement exact et il est tout à fait justifié de fournir une service de qualité permettant aux travailleurs de se déplacer sans utiliser la voiture (qui est décidément un des pires maux qu'à conçu l'humanité, en tous les cas au carrefour Léonard à 8h30 du mat' en semaine).

Quelques remarques cependant,

On se demande d'abord quelle est la logique des politiques tarifaires de la SNCB ? A titre d'exemple, les jeunes ne sont-ils pas les utilisateurs de demain et les futurs navetteurs ? Leur permettre d'adopter une attitude "positive" par rapport aux transports en commun est un enjeu majeur pour une mobilité durable.

On se demande ensuite pourquoi rançonner les jeunes. Quoi qu'il en soit, l'étudiant - qui dépend financièrement de ses parents et qui est donc loti sur ce chapitre de façon fort aléatoire - tout comme le jeune travailleur - qui se fait balader de job intérimaire en période d'essai tout en s'entendant vanter les mérites de "la liberté avant de s'engager" que cela représente - ont pour le moins le point commun d'avoir en général des revenus moins stables et moins importants que la plupart des autres catégories sociales. Je sais, y'a bidule qui vient en golf décapotable et qui trouve que les parkings de LLN sont crades et qu'il en a rien à caler des trains qui puent, on en parlera une autre fois. Alors pourquoi les rançonner ? On sait pas, ça devait sans doute tomber rond quand on a fait les comptes. Et... on vous épargne le laïus habituel sur la discrimination sociale que tout cela représente tout en vous rappelant qu'il est, komdab, bien d'actualité.

Ah oui, aussi, il y a encore que la SNCB est un service public et que ça veut dire que ça a un intérêt autre que de rentabilité pure, et que le rôle social, économique, écologique, culturel... de la possibilité pour chaque citoyen de se déplacer est important, et qu'on est plus trop surs qu'Etienne Schouppe a idée de tout ce que cela veut dire. Triste époque.

Pour conclure, une belle revendication : demandons la gratuité des transports en commun pour les jeunes, et tant qu'à faire, pour tout le monde.

(à suivre, enfin, peut-être)... aux prochains numéros : 1. Le Conseil d'administration de la SNCB et le socialisme wallon ou le mythe de l'éternel retour, 2. Les aventures teutonnes d'ABX (et non les aventures gloutonnes d'Obélix), 3. Le statut des voies de chemins de fer dans les communes à facilités, 4. Comment initier des consolidations stratégiques (en français dans le texte : privatiser) sans en avoir l'air ou les réminiscences de Maggie en rails croisés (d'après le célèbre Marabout-Flash écrit en Joint Venture par Elio Di Rupo et Guy Verhofstadt), 5. Durant qu'elle dort, la caravane s'en va mais personne ne sait où, 6. De la légende iconoclaste des trains à l'heure dans l'imagerie populaire belge,...