Article paru dans La Savate n°228, lundi 20 novembre 2000 Eloge du brossage par Gaël FRAITEUR
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Louvain-la-Neuve ne serait pas ce qu'elle est sans brossage. Mettre sur pieds une revue de cercle, une foire des kap's, une Savate... de qualité, serait tout simplement impossible sans un recours massif à cette pratique dangereuse. Les cours sont un long fleuve tranquille. Eloge de ce moment crucial où l'étudiant quitte son lit. Le brossage est souvent montré du doigt : soi-disant cause majeure d'échec, d'aucuns voudraient le voir sévèrement réprimé - certains professeurs d'ailleurs mènent une véritable chasse aux brosseurs. Et même parmi les étudiants on devine des regards dédaigneux.
Je ne voudrais pas ici défendre les brosseurs qui ne réussissent pas leurs études. Il y a obligation à mettre tout en oeuvre pour réussir, du moins c'est ce qu'il me semble à la lumière du coût social d'une année universitaire. Il me paraît par contre devoir dénoncer la pathologie de celui ou celle qui refuse catégoriquement de brosser.
Étudier, un calcul économique ?
Quand je suis arrivé à l'université, frais et bleu que j'étais, il n'était bien sûr pas question que je brosse. Les activités de baptême m'ont permis de voir la lumière. Vous connaissez le scénario : trop bu la veille et tout à fait impossible de se lever matin. Malgré les bonnes résolutions, l'excellente volonté, là c'est impossible : il faudra rester au lit. Je programme alors mon réveil pour sonner une heure plus tard : j'étais décidément résolu à aller au cours. Puis rebelotte, et c'est ainsi que je me suis levé à midi. Toutes ces résolutions étaient vaines. Ce matin-là, je m'étais libéré de l'obligation de suivre tous les cours.
J'ai été très conforté lors de ma première session d'examens et de mon premier blocus. Je me suis rendu compte que le niveau de compréhension de la matière qui m'était demandé dépassait de loin ce qu'il est possible d'atteindre lors des séances, qu'il m'était de toute façon indispensable de lire les syllabus dans le détail, enfin, bref, que la majorité des cours magistraux n'étaient pour moi pas suffisamment rentables.
Je suis sûr de choquer nombre d'entre vous en disant que le projet d'études doit être mené de manière économique. Je n'ai pas dit commerciale : l'objectif de cette entreprise n'est pas le profit financier mais la réussite des études et des autres activités qui comptent pour soi. Et comme dans toute entreprise, les ressources sont limitées : notre seule ressource, en l'occurrence, c'est le temps, et il est compté. La réussite optimale des objectifs fixés rime donc avec l'utilisation optimale des ressources. Voilà pourquoi il est légitime de parler des cours en termes de rentabilité.
Si par exemple vous devez passer un examen sur un cours de 30 heures et un syllabus de 200 pages, vous pouvez faire le calcul suivant. Suivre les cours donne le même niveau de compréhension qu'une première lecture du syllabus. Or vous devrez de toute façon lire le syllabus. Dans le cas où vous suivez les cours, la première lecture vous prendra, disons, 20 pages à l'heure soit 10 heures. Pour arriver au premier niveau de compréhension, il vous faudra donc en tout 40 heures. Si vous n’allez pas au cours, par contre, la première lecture vous prendra 10 pages de l'heure, soit 20 heures. Vous constatez donc que dans ce cas suivre le cours est deux fois moins efficace que de le brosser.
Évidemment, cela dépend des facilités d'étude de chacun. Il y en a pour qui suivre les exposés oraux est plus rentable, mais je refuse de croire que cela se justifie pour tous les cours.
Brosser, c'est se prendre en charge
J'ai plutôt l'impression que le refus du brossage traduit une incapacité à se prendre en charge : à juger soi-même de ses capacités et de prendre dès lors des risques pesés et justifiés en vue d'une réussite optimale.
Mais il est tellement plus rassurant de suivre aveuglément le lit académique ! Qu'elle sera facile, en effet, la justification en cas d'échec. Il suffira de dire qu'on a fait tout ce qu'il fallait et que, si on a raté, ce n'est pas de sa faute. Toujours la bonne vieille culpabilité !
Au contraire, le brosseur est responsable de son échec éventuel, dans le sens où il a pris des risques en toute conscience et en rapport avec des objectifs plus large que la seule réussite académique.
Pas de mouvement étudiant sans brossage
Quels peuvent être ces objectifs ? Glander, tout d'abord, est un objectif de vie qui mérite la plus grande louange. Beaucoup de brosseurs "commettent" pour avoir l'occasion de prendre du bon temps, de parler avec leurs amis, etc.
Mais les centaines d'étudiants engagés dans les cercles, l'AGL, les régionales, les kap's, ne pourraient pas faire le quart du tiers de tout ce qu'ils font s'ils allaient aux cours aussi scolairement que ce que certains préconisent. Savez-vous le nombre de personnes à Louvain-la-Neuve qui travaille à plein temps pour le mouvement ? Je parle ici de quarante à soixante heures par semaine que des comitards de tout poil n'hésitent pas à prester pour proposer aux autres étudiants une animation de qualité. Ceux-là méritent qu'on leur tire notre chapeau car c'est grâce à leur prise de risques responsable qu'il est possible au sein de notre université de se détendre, s'informer, s'intéresser, se mobiliser.
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