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Article paru dans La Savate n°250, mercredi 7 novembre 2001 Edito
Big Brother au mieux de sa forme
par François SCHREUER
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Microsoft défraie la chronique ces jours-ci. Alors qu'il y a quelques jours encore, les plus hardis voyaient des pieds d'argile au géant américain, force est de constater qu'il n'en est rien. Et qu'il y a des raisons de s'inquiéter. Entre la sortie, et le succès annoncé, ces jours-ci du dernier né de la gamme des systèmes d'exploitation - Windows XP - de la firme de Seattle et la fin inopinée du procès qui l'opposait aux autorités anti-trust américaines, l'horizon s'est plus qu'éclairci pour Bill Gates & Co.
Même si - et sans doute parce que - le contexte politique ne porte pas les citoyens américains à se préoccuper de la question, c'est un choix politique lourd que l'administration républicaine a posé en cessant les poursuites pour abus de position dominante engagées depuis 1998 à l'encontre de Microsoft. C'est d'abord un choix conservateur : celui que le rentier moyen américain qui a investi ses économies en bourse. C'est ensuite la confirmation d'un monopole et, au-delà, d'un modèle : ce n'est pas demain que l'utilisateur pourra choisir d'utiliser Linux comme système d'exploitation tout en continuant à utiliser ses programmes favoris alors que ce dernier est pourtant gratuit, plus stable, plus performant,... Mais ce choix est également une erreur du point de vue libéral : absoudre Microsoft, c'est accepter de limiter le dynamisme et l'innovation, c'est jouer à court terme.
XP de son côté, marque l'avènement d'un nouveau totalitarisme. Le monopole n'était jusqu'ici qu'un moyen d'écouler facilement du logiciel de médiocre qualité et grandes quantités. On passe aujourd'hui à la vitesse supérieure : c'est maintenant à la vie privée qu'on s'attaque, en demandant des données personnelles à tous les utilisateurs avant de leur permettre d'utiliser les logiciels. La psychose qui s'est emparée des éditeurs de logiciels et autres majors de l'industrie du disque devant le développement massif des copies par Internet - mp3 et connexions rapides à Internet en tête - est palpable et donne le motif à une vaste offensive sur la vie privée. Croisade qui est perdue d'avance quant au but envisagé : les possibilités de piratage risquent bien de demeurer énormes et obligeront à une remise en cause globale du concept même de propriété intellectuelle. Mais l'intérêt ne se trouve pas uniquement là et on perçoit confusément l'intérêt que peut constituer la constitution de giga-bases de données sur les personnes privées, ainsi que Microsoft est en train de le faire avec son dernier Windows.
Camarades, à moins que vous ne fassiez le choix du logiciel libre, votre PC risque bien de continuer à déprimer dans les prochaines années...
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