Article paru dans La Savate n°275, lundi 4 novembre 2002 En attendant la censure… par Olivier STEIN, Fabrizio DEL NERO
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Le Commissariat Général aux Réfugiés et aux Apatrides refuse systématiquement le statut de réfugié à 90% des candidats. Parmis eux, M.Djamal B., qui est journaliste en Algérie. Celui-ci a commencé à être harcelé par le ministère de l‘information algérien pour ses prises de position vis-à-vis de la politique du gouvernement. De plus, en mars 1993, le G.I.A. diffuse une liste d'intellectuels et de personnalités à exécuter avec la sentence : "Quiconque se bat par la plume périra par l'épée". M.Djamal B. était, et est toujours, sur cette liste affichée dans toutes les mosquées. Le croyant qui tue une personne mentionnée sur cette liste se réserve une place auprès d’Allah. 57 journalistes périront entre 1993 et 1995.
Par précaution, il ne rentre plus chez lui, ne voit plus ni sa femme ni son fils qui sont sans nouvelles de lui. Au début de l’été 1995, son fils de 8 ans est enlevé ; il a été retrouvé par chance quelques heures plus tard, sans que les kidnappeurs n’aient la possibilité de s’en servir comme moyen de pression. Son neveu n’a pas eu la même chance, il a été pris et torturé.
Un soir entre 11h et minuit, la femme de M.Djamal B. voit quatre personnes dans son jardin, l'un d'eux dit : "On va mettre balle au canon et s'il est là on fait un carton". Se faisant passer pour des policiers ils sont revenus à plusieurs reprises, par la suite M.Djamal B. apprendra qu'ils avaient été envoyés par le procureur de Ouargla dont il avait dénoncé les agissements dans ses articles. En raison du danger grandissant que M.Djamal B. courrait pour sa vie, la Fédération Internationale des Journalistes à Alger l'a désigné pour venir faire une conférence à Bruxelles sur la situation des journalistes algériens. Sa femme faisant courir le bruit qu’ils étaient séparés, réussira à le rejoindre quelque mois plus tard avec son fils.
Continuant leurs activités militantes en Belgique, ils demandent aujourd’hui le statut de réfugié au sens de la Convention de Genève. Statut qui leur a été refusé aussi bien par l'Office des Etrangers que par le Commissaire Général aux Réfugiés et aux Apatrides au nom de cette même convention. Selon eux, M. Djamal B. ne ferait pas l’objet de persécutions systématiques du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un groupe social ou de ses opinions politiques.
- Or du fait que l’appartenance à une catégorie socioprofessionnelle peut entrer dans la définition d’appartenance à un groupe social déterminé (1), et que selon le rapport annuel 2002 de Reporter Sans Frontières, 57 journalistes sont morts et 5 ont disparus (en outre, un projet d’amendement du Code Pénal algérien prévoit de renforcer les peines pour les délits de presse) il semble que les craintes de M.Djamal B. soient fondées.
- Selon le Commissariat, "le fait de découvrir un acte délictueux au sein d’une administration ne saurait être considéré en lui même comme une opinion politique". Comment ne pas considérer comme une opinion politique le fait de dénoncer le pouvoir et les militaires comme responsables de la tragédie algérienne et comme complices des islamistes ?
- On voit dans un dossier lié à celui de M.Djamal B. qu’une algérienne qui a connu des problèmes avec le G.I.A. serait tenue de démontrer qu’elle aurait rencontré les même problèmes ailleurs en Algérie. Pourtant, le G.I.A. affirme lui-même dans ses tracts "nous continuerons à détruire leurs récoltes, à prendre leurs biens, à violer leurs femmes, à les décapiter dans les villes, les villages et les déserts" (2).
Le cas de M.Djamal B. entre de façon évidente dans la Convention de Genève (il a d’ailleurs introduit un recours contre cette décision) mais ce refus n'est pas une surprise : en 2002, les candidats réfugiés algériens représentent 7% des cas soumis au Commissariat et aucun n'a été accepté. Doit-on en conclure qu’il y a une volonté du gouvernement d’écarter automatiquement tous les candidats réfugiés algériens ? (1) Law of Refugee Status, p.168
(2) Article paru dans Jeune Afrique
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