Article paru dans La Savate n°248, lundi 22 octobre 2001 C'est quand qu'on va où ? par John PITSEYS
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Il y a deux semaines, la Savate annonçait la mise en marche du projet "c'est quand qu'on va où ?". A défaut de titre accrocheur, la démarche était novatrice. Il s'agissait de provoquer le débat au sein de l'institution universitaire, de la communauté étudiante ; sans préjugés, de permettre aux enjeux de descendre dans les auditoires, les cafés, les bureaux étudiants, les KAPS's, les cercles et les régionales. L'idée était encore vague, puisqu'elle n'était qu'une idée. Elle devient pourtant réalité dès la semaine prochaine. Concrètement, des causeries sont organisées dans l'ensemble des facultés. Les durées sont courtes, l'organisation est souple et l'initiative des sujets est libre. L'essentiel est de ressusciter au sein du site une certaine idée du débat public, la possibilité d'une confrontation entre les différentes composantes de la communauté universitaire.
Il fallait donc, à notre sens, que les discussions foisonnent, s'échappent de l'AGL et des colloques de type académique. Une seule limite au projet, sa circonscription à un triple thème : la pédagogie, la démocratisation de l'enseignement, et le caractère public de l'université... On s'en doute, les problématiques sont liées, elles forment un tout. Ainsi, les questions pédagogiques restent creuses si l'institution universitaire ne ressaisit pas la question de ses propres finalités. L'éternel discours sur l'étudiant "responsable et critique" et sur une Alma Mater "humaniste et ouverte à la différence" servent d'excellents arguments pour l'image commerciale de l'université, mais ne signifient rien si celle-ci ne propose pas de réflexion épistémologique sur la production, la critique et l'utilisation de son propre savoir. Qu'est-ce qui différencie l'université d'une entreprise du secteur privé ou d'un département de ministère ? Il semble qu'actuellement, le seul miroir dont l'UCL accepte le reflet soit le pourcentage de ses parts de marché au sein de l'enseignement francophone, ainsi que sa bonne image dans le concert des "grandes-vieilles-universités-de-taille-internationale". L'université dans son ensemble doit donc renouveler la réflexion autour de ses spécificités, en ce compris sa vision de la connaissance.
L'interrogation est d'autant plus pressante que l'université cristallise la plupart des débats de société actuels. Plus que d'autres lieux, la communauté universitaire est amenée à poser la question de l'autonomie de ses sphères d'activité, de son lien au monde, de sa conception de la gouvernance, de son rapport à l'état, la société civile, le monde de l'entreprise. L'université est une institution médiatrice par excellence ; cela est d'autant plus vrai pour l'UCL, qui a mené de front un projet d'enseignement et un projet de site. En ce sens, la démocratisation de l'enseignement n'est pas seulement un objectif universitaire : elle révèle et motive les conceptions qu'une société doit avoir de la solidarité ou de la mobilité sociale. Etre pour ou contre un examen d'entrée, le numerus clausus, la non-liaison de l'attribution des bourses d'études aux résultats académiques, ce n'est pas répondre à des questions de conjoncture ou de fonctionnement interne de l'université : c'est proposer une vision politique. Force nous est de constater que l'université justifie encore son conservatisme sous le sceau du réalisme et de l'expérience de gestion. Sa position par rapport aux logements étudiants et la liberté d'accès reste pour le moins ambiguë : sa vision de la participation étudiante est, elle franchement obsolète...
Notre système universitaire connaîtra, lieu commun, des changements considérables ces prochaines années : nous avons déjà consacré dans la « Savate » de longues lignes sur le processus d'harmonisation européenne de l'enseignement. Nous devons donc imaginer ce à quoi ressemblera le paysage de cet enseignement. Plus particulièrement, il faut s'interroger sur ce que signifie aujourd'hui sa mission de service public. La notion de "service public fonctionnel" que défend l'UCL pourrait constituer à ce titre une voie d'accès à la privatisation de l'enseignement. Entendons-nous... Au départ, le "service public fonctionnel" est une extension de l'idée de service public, et propose un affinement de son sens ; toutefois, des interprétations existantes font penser que l'acception du terme justifie le désinvestissement de l'Etat et sa substitution par des logiques entrepreneuriales. C'est en tout cas cette définition minimale qui risque d'être retenue lors des prochaines négociations sur l'AGCS (Accord Général sur le Commerce et les Services, nous vous en reparlerons dans la prochaine Savate).
On voit donc que les problématiques s'intriquent à ce point qu'elles semblent former un tout indistinct. L'objectif des causeries est de sérier les problèmes et de dégager des articulations raisonnées. Il s'agit bien d'un débat politique, au sens le plus noble : la réhabilitation du questionnement, de la dispute, d'une certaine angoisse devant la complexité. L'occasion nous est offerte d'être critiques, créatifs, passionnés : de dépasser les revendications corporatistes au profit d'un projet global. Saisissons-là. L'AGL est à ta disposition pour toutes les initiatives que tu voudras prendre.
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