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Seattle, Göteborg, Nice, Gênes,... le mouvement pour une autre mondialisation se développe. Les acteurs qui le portent viennent d'horizons multiples : syndicats, "nouveaux mouvements sociaux", ONG, étudiants, organisations politiques... Si leurs revendications apparaissent parfois éloignées les unes des autres, il n'en reste pas moins que, sur le fond, leur finalité est pareille et rencontre un écho de plus en plus large dans la population : travailler ensemble à un monde plus juste, plus respectueux de la dignité humaine et non centré prioritairement sur des enjeux financiers et économiques.
Ainsi à Laeken verra-t-on les 13 et 14 décembre, lors du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement, une grande mobilisation. Quels en seront les enjeux, comment les comprendre ? Tout d'abord, des thèmes concernant la construction européenne. Sans nier la nécessité de construire une union politique, économique et sociale, nous critiquons la manière dont se construit l'Europe. Le manque de transparence et de démocratie est en effet patent. Le rejet du Traité de Nice en Irlande montre que les citoyens se sentent exclus du débat. Le parlement européen, seule institution de l'Union composée de mandataires élus, est manifestement écarté. Pire, seule la construction économique de l'U.E progresse; la construction politique stagne, tandis que l'Europe sociale reste au stade de belle utopie. Nos dirigeants doivent comprendre que sans un débat ouvert à tous les citoyens actuels et futurs de l'Union, intégrant les principales tendances de la "société civile", l'U.E. va droit au mur.
Les institutions européennes ne sont pas les seules à susciter l'ire de nombreux citoyens. Autre cible de choix : l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Celle-ci est à la base un organe de régulation veillant au bon fonctionnement du commerce international. Mais l'OMC apparaît de plus en plus comme le chantre d'une mondialisation centrée sur les intérêts de la finance et des multinationales. Elle se fait l'apôtre de la libéralisation à outrance et de la privatisation du service public. Les secteurs de l'enseignement et de la santé sont dans le collimateur. A nouveau, manque de démocratie : avant le sommet de Doha, y a-t-il eu un débat public sur le mandat accordé au négociateur européen, Pascal Lamy ? Non, pas plus que sur les enjeux de ce sommet. Ici aussi donc, une réforme s'impose. Diverses propositions sont débattues: Subordonner l'OMC et les négociations telles celles de l'AGCS aux traités et engagements internationaux sur l'environnement, la coopération au développement; donner une part plus grande dans les négociations aux pays du Tiers-Monde et prendre en compte leurs intérêts; exclure d'emblée des futures négociations certains services. Il ne s'agit pas d'interdire toute négociation commerciale, mais bien de les intégrer dans une discussion plus large incluant les problématiques de développement durable, de droits sociaux,... Dans cette optique, l'instauration d'un véritable dialogue Nord-Sud, impliquant le respect de l'autre, s'avère indispensable.
Afin de mettre un frein à la domination de la finance internationale et de combler le fossé qui sépare les pays développés des autres, plusieurs propositions existent. Une taxe de type Tobin, faible prélèvement sur toute transaction financière impliquant une opération de change dans le monde, permettrait, combinée à d'autres mesures, de maîtriser la spéculation tout en dégageant des fonds pour l'aide au développement. Il faut également briser la spirale de l'endettement à laquelle bien des pays pauvres sont confrontés afin de dégager des moyens en faveur des soins de santé ou de l'éducation et envisager sérieusement l'annulation de cette dette. Arrêter ensuite les aides conditionnées qui se révèlent une véritable catastrophe : il s'agit d'un marché entre une institution financière internationale type FMI qui prête de l'argent à un pays à condition que celui-ci adopte des réformes structurelles dans son économie. En clair, il faut souvent que le pays adopte un système occidental ou néo-libéral alors que celui-ci ne correspond pas à son tissu socio-économique. Il est nécessaire de remplacer ce type de prêts par une aide au développement concertée avec les acteurs locaux. Enfin, rappelons aux gouvernements qu'ils se sont engagés à consacrer 0,7% de leur PIB à la coopération, ce qui est loin d'être le cas. Et l'aide accordée l'est souvent au bénéfice de nos producteurs qui trouvent-là d'excellents marchés où écouler leurs surplus.
Voici donc quelques-uns uns des thèmes et propositions que nous vous invitons à défendre les 13 et 14 décembre. Malgré les différences, toutes défendent le même objectif: proposer aux hommes et femmes de tous horizons une alternative pour un monde davantage centré sur l'humain. Ce n'est pas une chimère que l'on voudrait à tout prix atteindre, mais bien un pari sur l'avenir, pari demandant une réflexion (et une révision) profonde sur la mondialisation telle qu'elle se construit. Cette réflexion doit se faire avec une visibilité maximale : chacun doit pouvoir y prendre part. Un débat démocratique est une condition nécessaire à la réalisation de ce pari. Il est grand temps de l'ouvrir enfin.
Olivier Filot, avec François Schreuer et Bernard Swartenbroekx