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Le transfert de la section francophone de Louvain sur les sites de Louvain-la-Neuve et Louvain-en-Woluwe fut l’occasion d’une réflexion globale sur le logement à l’université, en vue de construire les nouveaux kots étudiants. Il s’agissait pour l’institution non seulement de prévoir l’évolution du nombre de navetteurs et les types d’étudiants kotteurs (garçons/filles; mariés/célibataires) pour établir un plan de construction, mais aussi de faire appel à des architectes originaux pour la conception des sites. Quelques anecdotes.
L’unif a oublié la pilule
A l’époque, seuls les couples mariés avaient droit à un kot pour ménage. La robe blanche avait encore toute sa signification et il était bien sûr interdit aux garçons d’approcher les filles de trop près (et inversement) pour éviter les “accidents”. L’arrivée de la pilule contraceptive a bouleversé les plans de l’unif en matière de prévision de logements : en effet, de moins en moins de couples se mariaient ou cherchaient à s’afficher comme stables. Les logements pour ménage ont donc bien eu du mal à trouver des locataires (1).
15 types de « pédagogies »
En 1972, l’université est fière de son large panel de logements, tous de type “pédagogies”. Cette formule est la plus appréciée des parents, soucieux de protéger leur progéniture des multiples dangers qui la guettent à Louvain. Le mode de vie en “péda” est réglementé comme suit : rentrées le soir à 11h (11h30 deux fois par semaine), obligation de rendre compte des allées et venues, parfois obligation de manger sur place. Bref, l’assurance d’un confort matériel certain et d’un encadrement nécessaire. Ces logements étaient obligatoires pour les filles de première candidature.
Les étudiants de l’AGL exigeaient “une participation réelle et efficace” à l’organisation de la vie commune et à l’élaboration du règlement intérieur (2). On a déjà entendu ce genre de discours quelque part… sans doute se seront-ils rabattus sur les logements après avoir échoué au conseil d’administration (note aux fidèles lecteurs de la Savate : le dossier “logement” qui suit le dossier “participation” de la semaine dernière est une pure coïncidence).
L’architecte de la participation
A Woluwe, sous la pression du secteur social de l’université et du mouvement étudiant, l’architecte Lucien Kroll est désigné pour la conception du nouveau site. L’université ne savait pas à quoi elle s’engageait. En effet, elle a vu naître des immeubles pour étudiants avec cloisons mobiles entre les chambres et douches et sanitaires mixtes. Rappelé à l’ordre par l’université, l’architecte, qui voulait incarner l’aile progressiste du mouvement étudiant, transforme une des ailes de la Mémé (Maison médicale) en un rectangle de fenêtres juxtaposées et de locaux uniformes qu’il intitule “aile fasciste”, toujours visible sur le site. Tenue par son contrat, l’université doit poursuivre sa coopération (3).
Encore aujourd’hui, Kroll a ses partisans et ses adversaires : entre les fournisseurs de joints souples et le personnel technique chargé de l’entretien de ces bâtiments, l’architecte de la participation n’a pas fini de faire parler de lui.