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Au début était l'unif, avec ses premiers professeurs et étudiants, avec son personnel technique et administratif. C'était beau mais c'était peu. L'université se sentait bien seule sur son petit lopin de terre alors elle invita d'autres acteurs sur son domaine. Vinrent alors des habitants "normaux", qui n'avaient peu ou rien à faire avec l'université. Un théâtre s'installa également sur le site. Aujourd'hui un grand, énorme (et peut-être grandiose) cinéma en fait autant. On nous promet aussi l'installation prochaine d'un centre commerciale au côté de la gare. Mais on peut faire mieux encore et durant notre si cher blocus, nous avons appris qu'un nouvel acteur culturel avait jeter son dévolu sur notre belle petite bourgade : le musée Hergé s'installera prochainement à LLN.
Une belle histoire
Petit retour en arrière. Il y a longtemps que les passionnés de Tintin et Milou attendaient impatiemment et ardemment ce musée. On parlait régulièrement de contacts plus ou moins sérieux entre la Fondation Hergé et divers acteurs bruxellois mais nulle fumée blanche ne fut jamais entre aperçue. Devant le retard pris par le projet on ira jusqu'à parler, Ô sacrilège, de l'installation du musée dans un pays voisin. Heureusement on en arriva jamais jusqu'à la concrétisation de ces projets à l'étranger. Mais cela n'arrangeait tout de même pas les affaires des tintinophiles.
C'est alors, en mars 2000, que le héros, le Tintin de cet histoire entra en scène. Jean-Luc Roland, qui entre temps est devenu le bourgmestre de la commune, prit sa plus belle plume pour proposer à la Fondation d'envisager le site de l'UCL comme point d'atterrissage. Fanny Rodwell, la veuve de Hergé, nous explique pourquoi cette proposition les séduisit : "Nous voulions un lieu très convivial, un lieu entouré de verdure : il n'était pas facile de trouver cela à Bruxelles. Nous nous en sommes tenus à ce rêve, qui était le nôtre depuis longtemps." De plus, un climat serein accompagna toutes les discussions ce qui fit qu'un accord fut rapidement conclu entre les parties. Fanny Rodwell ajoute : "D'autre part n'est-il pas normal que ce musée s'implante au coeur du Brabant Wallon ? Chacun sait que les paysages qui entourent le château de Moulinsart s'inspirent de cette région. De plus Hergé y avait sa résidence secondaire, à Céroux-Mousty."
Alors, heureux notre nouveau maïeur ? "Je suis aussi heureux qu'ému" avoue-t-il. Tintinophile ? "Qui ne l'est pas en Belgique ?" Moi je ne le suis pas et je ne pense pas être le seul en Belgique mais ce n'est pas très important. Passons plutôt à la réaction de l'administratrice-général de l'UCL : "Ce musée est un plus pour nous ; avec lui, voilà un élément attractif important qui s'annonce pour LLN et ce projet complète ce que nous souhaitons que LLN devienne".
Une si belle histoire que çà ?
Que disait la famille Rodwell en avril 1999 ? "Nous préférons de loin créer un musée à Bruxelles plutôt qu'ailleurs." Et oui, LLN n'est clairement qu'un second choix quoi que puissent en dire les acteurs de cette histoire. Mais alors pourquoi ce choix si ce n'est pour la beauté sans égale de la verdure du Brabant. Comme si souvent, sans doute, une histoire de sous. Les termes précis de l'accord nous sont inconnus mais l'opération semble plus qu'avantageuse au niveau financier pour la Fondation.
Certains sont même très sceptiques, comme Hugues Dayez, un tintinophile reconnu, qui émet certains doutes : "Ce n'est jamais que le cinquième projet en cinq ans. On a déjà parlé de tant de choses. Ici, je ne vois pas de budget, pas d'architecte, pas de directeur artistique. Pour moi, c'est un bel effet d'annonce, sans plus." Louvain-la-Neuve est-elle néanmoins un bon choix ? "Si ça se réalise, c'est évidemment très bon pour la région. Mais non, ce n'est pas l'endroit idéal. On avait un endroit, la place Fontainas, à 500 m de la Grand-Place et du terminal Thalys. Pour les Français, les Anglais et les Hollandais, c'est quand même plus attrayant que la campagne du Brabant Wallon."
Devons nous écouter ces langues médisantes ? L'avenir nous le dira. D'ici six mois, une conférence de presse se tiendra pour dévoiler les détails de ce projet. Et si tout se passe comme annoncé, dans quelques années, d'ici trois à cinq ans, nous pourrons visiter à l'extrémité du Boulevard du Nord un (superbe ?) musée Hergé s'étalant sur 5000 m². La collection ne devrait pas seulement se limiter à Tintin mais couvrirait toute l'oeuvre d'Hergé.