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Article paru dans La Savate n°241, lundi 23 avril 2001

Le chocolat
par François SCHREUER

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Ca fait déjà un bout de temps que ce film est sur les écrans, mais bon, les vacances faisant, c’est seulement maintenant que nous vous parlons du dernier film du suédois Lasse Hallström, "Le Chocolat", qui, à défaut de marquer d’une quelconque manière l’histoire de cinéma d’une empreinte indélébile vous laissera quand même en bouche le goût sucré d’une très agréable comédie, plutôt bien ficelée. Bon, s’il est plus dans les salles, il y a peut-être une chance qu’il passe à la TV un jour, je vous conseille donc d’archiver le présent article pour le cas où ça arriverait.

Dans un petit bourg provincial abandonné dans une incertaine campagne française, vit une communauté dont l’existence relève du plus parfait conservatisme, figé dans une morale religieuse obtuse et dans un carcan social extrêmement fort. La caricature n’est pas loin. Le tout est régenté, au son du clocher, par le compte de Raynaud, garant des valeurs sociales et religieuses, maire désigné à vie (il a comme ça certains traits du maire de Champignac, dans Spirou) et descendant d’un pourfendeur de huguenots (Alfred Molina, qu’on avait déjà vu notamment dans "Magnolia").

C’est alors que, par une après-midi battue par le mistral, vont arriver, sous leurs capelines rouges, Vianne (Juliette Binoche) et sa fille Anouk, qui vont bouleverser profondément la vie du village avec une méthode toute simple : le chocolat. Dans la chocolaterie qu’elle va ouvrir, servie par les recettes sacrées et miraculeuses (les vertus de certains d’entre eux se révèlent à proprement parler foudroyantes) transmises par sa grand-mère Inca, Vianne va libérer les désirs, faire parler les gens, amener une ouverture et donc, bien sur, ébranler l’édifice coincé de cette petite société villageoise. Vianne, voyageuse jamais fixée, mère célibataire, athée et mignonne comme un cœur, va chatouiller la susceptibilité aigrie du maire et de sa clique. La suite va amener quelques rebondissements, finalement très prévisibles et se terminer par un happy end dans la plus pure tradition hollywoodienne. L’apparition du beau et viril Roux (Johnny Depp), aventurier d’eau douce et joueur de guitare, viendra provoquer quelque émoi chez notre belle voyageuse.

Voilà, on évoquera encore le "Festin de Babette", indétrônable référence dans le film de genre alimentaire. On dira combien il est savoureux d’assister à cette déconstruction du puritanisme. Combien on s’est amusé de cette fable toute simple qui fait l’apologie de l’excentricité, du plaisir et de l’ouverture vers les autres comme moyen de libération de l’individu. Ce que vous ne manquerez pas de constater à la sortie du film, en vous précipitant malgré vous dans la chocolaterie la plus proche pour tenter de retrouver le moelleux sucré et toute l’atmosphère authentique sur lesquels le film est construit.