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Article paru dans La Savate n°263, lundi 11 mars 2002

Edito
La forêt précède l'Homme. Le désert le suit
par Florent GERARD

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Voilà un constat lucide qui pourrait s'appliquer à Louvain-la-Neuve (la pas-si-verte-que-ça) tout comme à l'ensemble de l'envahissement du globe terrestre par l'homo sapiens sapiens. Notre espèce (ou plutôt une partie de celle-ci, un peu plus envahissante et dégénérée que les autres...), sur fond d'explosion démographique, s'est en effet proclammée Savant des savants.

Tout légitemement donc, cette espèce s'interroge (via un de ses représentant, ce que je suis pour l'occasion) sur le paradoxe entre cette soi-disant suprême intelligence et les destructions irréversibles de la nature qui font suite au passage de ses membres depuis leurs origines ; Sur le fait que le progrès lui-même est manifestement contradictoire avec les équilibres naturels qui nous constituent ; Que l'homme d'ici n'arrête pas de parler de "produire rentablement" alors que c'est une évidence depuis la nuit des temps et qu'il détruit en même temps ses moyens de production à court et long terme ; Sur le fait que même le "développement" d'une société sous-entend actuellement l'exploitation et l'écrasement des autres tout comme des écosystèmes terrestres. La communauté humaine planétaire (qui "mondialise" actuellement sa communication - mais pas son écoute de l'autre -, c'est-à-dire qu'elle la rend ultra rapide et performante) a construit sa propre cage, un monde où la certitude de mourrir de faim s'échange contre le risque de mourrir d'ennui.

Une autre constante dans l'évolution des sociétés industrialisées est probablement l'omniprésence de la technique (et de la technocratie) dans toutes les dimensions de notre vie, tant de mains pour transformer ce monde et si peu de regards pour le contempler ! Ces sociétés baignant dans l'innovation technologique, n'ont par ailleurs jamais démocratisé ses sources créatrices, ses constructions et les processus qui les forment. Et elles ont instrumentalisé, divisé et cloisonné le monde à l'extrême, tout comme les sciences, la philosophie et la musique l'ont été dans leurs systèmes éducatifs.

Aussi la technique devient-elle le problème permanent d'une sagesse éthique, dont la rémanence tient précisément au fait que c'est soit par chance, soit par intelligence, que nous parviendrons à éviter- comme nous devons l'espérer- l'indiscible extrême (H. Jonas).

Cette rélexion est d'ailleurs loin d'être nouvelle, mais les réponses qu'on lui trouve le sont par contre toujours. L'optimisme est sans doute une autre constante chez ce même homme, et il lui permet d'ailleurs quotidiennement de vouloir vivre. En fin de compte, nous dévasterons et asceptiserons sûrement encore beaucoup d'espace et de temps, de personnes et de cultures, mais ce qui apporte du bonheur et de l'équilibre à l'Homme demeurera là, dans sa Nature. A chacun de nous de se permettre les remises en questions nécessaires, les retournements d'habitudes et autres retrouvailles avec soi-même.

Cette semaine-ci, tous les acteurs de la Semaine de l'Environnement, des Energies et du Développement Soutenable, et en particulier ceux du Forum ONG et de la Foire de rue de ce mercredi, tenteront donc de vous faire partager ces recherches et interrogations. Mais surtout de transférer des réponses, des propositions d'alternatives qui existent ici (et ailleurs) et maintenant (et après), des enjeux concrets et diversifiés de ces thèmes très actuels.

Ecoutez le silence, branchez-vous sur le soleil, et vivez symbiotiquement... (Lisez quand même le programme...). Que la bioforce soit avec vous.