Collectif Liégeois Contre la Vidéo-surveillance

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Bombix, Jean-Michel Pinon

Controverses d’hier, Bourges de demain

mercredi 23 janvier 2008


Voir en ligne : Agitateur.org

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Les caméras de surveillances

Vous réfléchissez actuellement à une charte d’éthique. Aline de la Perrelle, Présidente de la section du Cher de la Ligue des Droits de l’Homme, se posait la question sur notre site de la marge de manoeuvre et des pouvoirs qu’aurait ce comité d’éthique. Qu’en est-il ?

Serge Lepeltier : Il aura un pouvoir moral. Et ce n’est pas rien dans ce domaine. J’ai fait la première réunion de mise en place. On va proposer une charte d’éthique que le comité adoptera. Ce pouvoir moral, c’est mon engagement de tenir compte de ce qui est dit, en relation avec eux. Un comité d’éthique, cela ne décide pas. Dans une ville, même les conseils de quartier n’ont pas de pouvoir de décision. C’est le pouvoir du conseil Municipal.

Vous avez considéré que c’était une nécessité, ces caméras de surveillance ?

Serge Lepeltier : Oui, vraiment. Il ne faut pas croire que cela me fait plaisir.

C’est assez désagréable...

Serge Lepeltier : Il y a deux ou trois mois, j’étais dans le métro, je marchais, et en levant la tête, j’ai vu qu’il y avait une caméra au-dessus de moi. Je n’avais jamais réalisé que dans le métro, on était filmé en permanence. J’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé qu’il y avait des caméras partout. Et c’est vrai que ce n’est pas agréable quand vous en prenez conscience. On est dans une société qui oblige à cela et ce n’est pas franchement rassurant.

Non, ce n’est pas rassurant.

Serge Lepeltier : Alors j’ai considéré que c’était une nécessité parce que, réellement, on a des problèmes de sécurité. On compte sur une baisse d’environ vingt pour cent dans les violences faites aux personnes. C’est énorme.

Mais il n’y a pas trop de problèmes de sécurité à Bourges. C’est quand même une ville assez sûre.

Serge Lepeltier : Je vous amènerai un jour faire un tour avec la BAC, la nuit.

Est-ce que cela n’aurait pas été mieux de développer les effectifs de la police municipale ?

Serge Lepeltier : Mais on le fait. Mais pour baisser de vingt pour cent la délinquance, je ne sais même pas si un doublement des effectifs serait suffisant. Dans les bus, cela a eu un résultat extrêmement positif. C’est un moyen technique qui n’est pas agréable. Mais cela va être géré de façon très sûre, pour qu’il n’y ait surtout pas d’effets pervers. J’ai presque tendance à dire, au regard des problèmes de sécurité, que c’est un devoir.

Il y aura un coût de fonctionnement ? Il sera de quel ordre ?

Serge Lepeltier : Oui, il y aura un coût de fonctionnement mais ne ne pourrais pas vous dire le chiffre. Nous avons recruté six personnes. Il faut ajouter aussi un fonctionnement technique.

On en revient à la démocratie : est-ce que ce n’était pas une décision qui demandait une consultation de la population sur un mode démocratique, et non par l’intermédiaire d’une opération du type « Allô ici votre maire » ?

Serge Lepeltier : Le problème des référendums municipaux, c’est qu’il faut que la question amène une réponse qui soit « oui » ou « non ». Vous ne pouvez pas laisser la possibilité de choisir entre tel ou tel projet. J’avais prévu de faire des consultations de cette manière : « Entre un Palais des sports et une Piscine ludique, qu’est-ce que vous choisissez ? » Mais ce n’est pas possible sur le plan légal. Si vous demandez aux gens s’ils sont pour une piscine ludique, évidemment ils vont répondre oui. Concernant les caméras de surveillance, cela pouvait être un sujet, c’est vrai. Mais j’ai été très frappé par les résultats de cette consultation téléphonique. C’est la question à laquelle il a été répondu le plus clairement possible. Alors vous me direz : même dans les quartiers où il n’y a pas de problème de sécurité.

Il y avait deux questions : celle de savoir si les habitants estimaient que Bourges était une ville sûre (ils ont répondu oui), et une sur le sentiment d’insécurité...

Serge Lepeltier : Nous avons des comparaisons par rapport à d’autre villes. Nous sommes dans une ville où les problèmes de sécurité sont ressentis de façon beaucoup plus importante que dans d’autres villes. Et nous sommes dans une ville où la sécurité n’est pas le premier problème majeur. Mais, malgré cela... je connais les problèmes d’insécurité qu’il y a.

Ce serait plutôt l’expression locale d’un sentiment national d’insécurité...

Serge Lepeltier : Non, non, je vous assure que l’on a des problèmes d’insécurité. Vraiment importants.

Mais pas plus que d’autres villes ?

Serge Lepeltier : Ah non, pas plus que d’autres villes. Mais on a des problèmes d’insécurité. Vous savez, il suffit d’une fois. Je dis à mes amies femmes : « ne sors pas ta poubelle le soir, même si tu habites en centre-ville après que tes amis soient venus dîner chez toi et soient repartis à 23h-minuit ». Il suffit d’une fois.

Nous n’aurons jamais une sécurité absolue, de toute façon.

Serge Lepeltier : Non. Mais vous le savez bien, on a des problèmes de drogue, de trafics importants...

L’argument des adversaires, c’est de dire qu’ils iront faire leur commerce ailleurs. C’est ce que l’on appelle l’effet plumeau.

Serge Lepeltier : J’ai regardé et j’ai constaté que dans les villes où des caméras avaient été installées, il y avait une baisse de vingt pour cent. Après, est-ce que cela se déplace dans les villes alentour, je ne sais pas. Mais en tout cas en terme de délinquance pure, on est entre moins 20 et moins 25%. Ce sont des lieux de transit qui seront suivis. Souvent, là où il se passe des choses ils (NDLR :les délinquants) arrivent à se cacher des caméras. Mais c’est la préparation des faits qui est importante.

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