Collectif Liégeois Contre la Vidéo-surveillance

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Sophie Davaris

Les Genevois filmés dans la rue par 33 caméras

samedi 26 janvier 2008

Plainpalais, Rive et le stade de la Praille seront filmés. Mais pas les Rues-Basses ni Bel-Air. La gauche dénonce une dérive « totalitaire ». La droite apprécie un projet « limité et cadré ».


Voir en ligne : Tribune de Genève

Genève va installer des caméras de surveillance sur trente-trois sites du domaine public. Ce projet à 4,7 millions de francs divise la classe politique, même s’il revoit à la baisse les ambitions du Conseil d’Etat.

En avril 2007, le gouvernement voulait surveiller 46 endroits « sensibles ». Aujourd’hui, il s’agit d’équiper 8 sites avant l’Eurofoot puis 25 autres lieux avant la fin 2009 (aux alentours des missions diplomatiques et des organisations internationales). Ce repli s’explique par le caractère sensible du dossier et la volonté de le faire aboutir, même dans une version limitée, pour l’Euro.

Les huit sites choisis visent les zones à risque lors de grands rassemblements. On y trouve la plaine de Plainpalais, le rond-point de Rive et le stade de la Praille. Mais ni les Rues-Basses ni Bel-Air n’y figurent. La police le regrette. « En cas de vol ou d’enlèvement d’enfants, filmer les lieux où il y a beaucoup de monde peut se révéler très utile », estime Alain Bondet, spécialiste de la sécurité informatique de la police.

Car une fois installées, les caméras devraient rester. L’officier assure que les images apparaîtront claires en temps réel, mais cryptées une fois enregistrées. Seuls quelques policiers pourront les voir et elles seront détruites après 96 heures. Un dispositif doit empêcher les caméras de filmer les logements. « Ce dispositif doit servir d’aide à la décision d’engagement, en aucun cas de surveillance du citoyen », insiste Nicole Valiquer, au Département des institutions.

Opposé par principe à la vidéosurveillance, le député Vert Christian Bavarel estime qu’il y a « un côté extrêmement arbitraire dans le fait de filmer des gens dans la rue. » Sa collègue de parti Mathilde Captyn y voit le symbole d’un Etat totalitaire. La députée fustige le coût de la mesure, qu’elle juge inefficace en termes de sécurité, et relève l’absence de base légale : « Rien dans la loi ne précise qu’il faut brouiller les images et les détruire ensuite. »

Garde-fous

En réalité, un projet de loi sur la protection des données personnelles est actuellement à l’étude. Un de ses articles circonscrira l’usage de la vidéosurveillance. « Cette loi prévoit des garde-fous, mais qu’en fera-t-on dans quelques années ? Il est étonnant, conclut Mathilde Captyn, que ce soit la gauche qui protège la sphère privée ! »

Visé, le Parti libéral admet sa réserve face à ce type d’intrusion. « Mais il faut être pragmatique, réplique Olivier Jornot. On a besoin de sécurité pour l’Euro, personne ne veut revivre les événements du G8. Nous acceptons une légère intrusion de l’Etat si elle est limitée et cadrée. Dans les TPG, les caméras ont fait chuter le vandalisme. »

Le député trouve le débat intéressant mais « un peu surréaliste », car les caméras pullulent déjà dans le canton. La démocrate-chrétienne Anne-Marie von Arx, favorable à la surveillance, insiste sur le contrôle démocratique dont elle fera l’objet. « Je suis plus inquiète dans un magasin, sans savoir qui regarde les images et ce qu’elles vont devenir. » Même argument pour l’UDC Eric Bertinat, qui ironise : « A Genève, il y a déjà des milliers de caméras. Dans la petite rue Chausse-Coq, il y en aurait huit ! »