Après leur Nakba (1) en 1948, les palestiniens ont perdu la source principale de leur vie "La terre". Désormais, l’éducation devient, pour eux, une valeur plus importante que jamais. Par ailleurs, elle représente une source d’emploi et d’estime social. Cependant l’occupant israélien ne cesse de mettre des obstacles au processus académique dans les territoires occupés. Dans cet article, nous tenterons de faire le point sur la situation des étudiants palestiniens.
L’occupant israélien a fermé les universités palestiniennes 4 ans pendant la première Intifada (1987-1993). Comme les étudiants sont l’essence de la résistance, ils sont punis systématiquement.
Dans un premier temps, Israël fermait les universités. Ces procédés ont endommagé toute une société. Cependant, aujourd’hui, Israël ne peut plus fermer les universités grâce aux pressions de la communauté internationale. Malheureusement, Israël a changé de stratégie: il ne s’agit plus de fermer les universités, mais d’empêcher les étudiants et les professeurs d’y arriver.
De quoi s’agit-il ? Depuis le déclenchement de la deuxième Intifada, en septembre 2000, les territoires occupés sont divisés par des barrages de Tsahal en 285 entités complètement isolés.
Par exemple, pour arriver de Ramallah à l’université de Birzeit, ça prend un quart d’heure en voiture normalement. Mais maintenant il y a un barrage israélien qui coupe la route et qui interdit aux étudiants d’aller au cours. Il ne leur reste qu’à traverser les collines sous la pluie en hiver ou sous un soleil de 35 ° en été ! Cela prend des heures parfois.
Autre exemple lors d’une manifestation pacifique d’étudiants et du corps académique à un barrage. Il s’agissait seulement de pouvoir arriver jusqu’à l’université, bloquée par les barrages et les chars. Mr. H. Nasser, président de l’université s’est rapproché des soldats en leur proposant du café pour pouvoir discuter. Les soldats l’ont insulté et ont tiré du gaz lacrymogène et des balles réelles sur les manifestants. Le barrage existe toujours. Par ailleurs, le semestre a été prolongé de deux mois afin de rattraper les jours "ratés".
Le cas de Birzeit n’est pas unique, c’est le cas de toutes les universités et des écoles palestiniennes, quasi- paralysées à cause du blocage. Ce blocage "sous prétexte de sécurité"ne vise qu’à humilier les palestiniens. Jamais un barrage n’a pu empêcher un kamikaze d’aller se faire exploser en Israël.
Je pense aussi aux étudiants de Gaza qui font leurs études en Cisjordanie. Ces étudiants ne peuvent pas y être selon les lois d’occupation. Pour arriver en Cisjordanie ils doivent donc faire un trajet plus long : Le Caire - Amman- Ramallah ! Ils doivent y rester pendant toute la période des études. Sans voir leur famille. Et si les israéliens les découvrent, ils sont transférés à Gaza.
Autre blocage: les autoroutes réservées aux colons et la présence des chars de l’armée israélienne paralysant l’accès aux universités dans la bande de Gaza.
Avec A. Sharon a sa tête, l’état hébreu semble adopter une politique visant la destruction de l’infrastructure palestinienne et la paralysie des ressources humaines constituant le noyau central d’un développement de la Palestine indépendante. Pourquoi Israël vise-t-il si sévèrement l’éducation? Dans la politique actuelle, Sharon, on le voit tous les jours, essaye d’isoler l’Autorité Nationale Palestinienne et de nier le rôle d’Arafat en tant qu’interlocuteur pour la paix. L’armée d’occupation détruit tous les symboles d’un état palestinien : la radiotélévision, l’aéroport, le port etc…
C’est dans le cadre de cette politique qu’Israël paralyse l’éducation dans les territoires occupés.
L’éducation est un point central de l’évolution de toute société. En Palestine, l’éducation joue un rôle important dans le développement économique, ainsi que dans la démocratisation du pays. Dans toutes les universités palestiniennes il y a des élections libres et à peu près 50% de filles. Les étudiants joueront un rôle très important dans la dynamique démocratique. L’éducation a déjà fait évolué la place de la femme dans la société de manière significative.
Actuellement, il y a un projet ambitieux de partenariat entre des étudiants de l’UCL et des étudiants de Palestine. C’est au nom de la liberté et de la démocratie qu’on envisage ce genre de projets. En soutenant la cause des étudiants palestiniens, on soutient à la fois une cause juste, un besoin humain et un espoir de paix au Proche-Orient.
(1) Un mot arabe qui signifie ‘catastrophe’ : tragédie causé par la création d’Israël et l’expulsion de 60% de la population palestinienne. L’administration militaire israélienne contrôlait l’éducation dans les écoles palestinienne jusqu’à 1994, où il était interdit de parler de la Palestine. Les cours étaient censurés par les autorités de l’occupation. Après 1993 (accords d’Oslo entre l’OLP – l’Organisation de la Libération de la Palestine - et Israël) une Autorité Palestinienne (l’ANP) s’installe dans les grandes villes et prend en charge l’éducation.