Il s'en est passé des choses depuis la dernière fois qu'on s'est lu : alors que les étudiants passaient ces quelques semaines le nez planté dans leurs bouquins, le monde n'en a pas pour autant ralenti sa ronde infernale. Ainsi, entre autres choses, a-t-on vu le gouvernement "Arc-en-ciel", qui venait de franchir le "cap de l'Euro" et qui bouclait sa présidence de l'UE, à l'occasion d'une énième montée de fièvre, près de passer l'arme à gauche (enfin façon de parler s'entend), l'apothéose de la "Star Academy", à la grande déception des uns et au grand soulagement des autres, la dévastation par un volcan en éruption de la ville de Goma au Congo, avec des conséquences humaines tragiques,... et une terrible crise économique s'abattre sur l'Argentine.
Un pays relativement prospère, sorti de la dictature et appliquant avec zèle les recettes économiques du Fonds Monétaire International, grand manitou mondial des politiques économiques, tombe en quelques jours, dans un gouffre social et économique indescriptible : quasi-faillite de l'Etat, montée en flèche du chômage, fuite des capitaux à l'étranger malgré une série de mesures contraignantes qui aggravent encore la situation sociale de la majorité de la population, émeutes populaires qui se terminent dans un bain de sang - plusieurs dizaines de morts -, démissions successives des principaux responsables politiques...
Le propos n'est pas ici d'analyser une situation fort complexe du point de vue économique - laissons cela aux spécialistes -, ni même de pointer des responsabilités (beaucoup de gens se les partagent sans doute). Mais simplement de faire un coup de Caliméro, délibérément simpliste : "C'est trop injuste !". Un système qui précipite dans l'anomie des populations entières est intolérable. Il en va d'une élémentaire solidarité humaine.
Et pendant les jours tristes que vit l'Argentine, le secrétaire d'état américain au trésor, principal bailleur de fonds (et inspirateur) du FMI, fait, particulièrement odieux, des déclarations tonitruantes selon lesquelles les petits travailleurs américains n'avaient pas à financer, via le FMI, des Argentins qui étaient responsables de leur situation. Le gouvernement Aznar, président en exercice de l'UE, intervient pour... préserver les intérêts économiques des grandes entreprises espagnoles très présentes en Argentine. Et nous, habitants de l'Euroland (non, ce n'est pas le nom d'un grand parc d'attraction), savourons l'arrivée de l'euro sous sa forme fiduciaire, symbole, malgré tout, à côté de ses multiples avantages, d'un nouvel impérialisme économique européen en devenir.
Il y a comme quelques chose qui sonne faux.