Conscients des débats qui agitent en continu le monde étudiant, nous avions demandé il y a peu aux autres collectifs de rédiger un article sur l’AGL. Démarche inhabituelle, et particulière, puisque le corps auquel l’AGL a à rendre des comptes est bien celui des étudiants votant individuellement, et pas celui des collectifs. En effet, l’AGL, ou plutôt son conseil, est élue directement, une fois par an, par l’ensemble des étudiants de l’UCL. Cette élection se fait au suffrage universel, et chaque étudiant peut être candidat. Une fois les listes constituées, 52 étudiants sont élus à la proportionnelle et sur deux types de listes (une liste universitaire et des listes facultaires) pour constituer le conseil AGL. C’est ce conseil qui, à son tour, élit le comité, organe exécutif.
En écho aux articles de l’Organe et du GCL, et afin que les différentes opinions soient entendues, notre comité exprime ci après sa vision de l’AGL.
Tout d’abord, à l’AGL, comme dans chaque organisation étudiante, il y a les gens. Des étudiants qui, au dépens d’autres activités, s’occupent de représentation. C’est une fonction difficile, complexe, et qui contrairement à ce qui pourrait être pensé (‘la motivation réelle de ses membres’), est surtout un don de soi, plus que la recherche d’une promotion, ou d’une carrière future. Ainsi, on pourrait se dire que l’on s’investit à l’AGL pour accéder plus facilement à une carrière politique. Il n’en est rien : parmi les 10 anciens présidents AGL, aucun ne dispose à l’heure actuelle d’un mandat politique électif. Par contre, trois effectuent ou ont effectué un doctorat, un s’occupe d’asbl, six ont une profession en rapport avec leurs études ou sont toujours aux études.
Les préjugés sont ainsi contredits par les faits.
De même qu’une certaine idée qui consiste à penser que ne sont à l’AGL que des étudiants ‘qui ne font que ça’. Combien de personnes investies à l’AGL ne le sont elles pas également ailleurs ? Rien que parmi les conseillers, on compte au minimum 11 comitards ou anciens comitards de cercle ou régionale, et près de 15 sont actuellement dans un kot à projet. Les élus de l’Assemblé générale sont donc des gens normaux, qui s’investissent néanmoins un peu plus que les autres.
Pourquoi s’investissent-ils ?
Vraisemblablement, les articles du GCL et de l’Organe insistaient d’ailleurs dessus, parce qu’il y a nécessité d’une représentation étudiante. Il ne serait pas concevable, dans notre université, de laisser les autorités décider seules de ce qui est bien pour nous, alors que nous sommes majeurs et que nous vivons nos études au quotidien. Et pourtant, des tentations de la sorte existent, et un moyen efficace pour parvenir à ce but est de jouer sur les divisions. Ainsi, il suffit qu’elles tiennent compte de l’opinion qui les arrange. C’est pourquoi, et c’est une différence avec les articles précédents, nous ne pensons pas que l’AGL soit un ‘collectif comme les autres’ . Il l’est certainement pour une série de choses (l’organisation des 24 H, son rôle en matière culturelle,…), mais lorsqu’il s’agit de représentation, c’est bien d’un ‘super collectif’qu’il s’agit. Et c’est d’ailleurs le rôle qui lui est assigné, même si ce rôle peut parfois déranger . L’AGL représente l’ensemble de la communauté étudiante, engagée ou non engagée dans la vie collective du site pour la simple et bonne raison qu’elle traite de problèmes qui la touche dans son ensemble.
Bien entendu, ce n’est pas parce qu’il est investi de cette fonction qu’il ne doit pas demander l’avis des autres collectifs, mais c’est à lui qu’il revient de trancher lorsqu’il n’y a pas accord. Et par la suite, il doit tout mettre en œuvre pour tenter de faire passer cette position auprès de ses interlocuteurs. C’est ce qui s’est passé dans le dossier ‘logement’, ou la position adoptée par l’AGL a été de refuser le passage des kots à 12 mois (ce qui représentait une augmentation des prix de près de 15 000 BEF par an et par étudiant), en proposant des économies sur d’autres domaines. Parmi ces domaines, le choix fut fait de faire 8 % des économies sur les surfaces bars. C’est cette position, défendue par l’AGL, qui permit d’éviter une augmentation exorbitante des loyers. Il s’agissait là d’un débat de priorité, et il en va souvent ainsi.
C’est aussi parce que l’AGL est élue directement, lors d’un scrutin pour lequel chacun peut être candidat, par l’ensemble des étudiants, qu’elle ne doit pas avoir d’autres organes de contrôle que son conseil. (‘une lacune importante : il n’existe aucun organe de contrôle des décision prises par l’AGL’). Que penser d’un système démocratique ou le législatif serait contrôlé par un autre organe ? Qu’il y ait des influences, des pression qui soient exercées, c’est légitime. Mais qu’un organe externe vienne contrôler les orientations prises paraît aberrant.
Par contre, le contrôle de l’AGL se fait en permanence : ses conseils sont ouverts, elle dispose de représentants qui peuvent être interpellés dans toutes les facultés, elle organise pour que les étudiants donnent leur avis un congrès étudiant et ce qui se fait aujourd’hui dans cette savate est un autre exemple d’interpellation.
Il est alors rétorqué un fait réel, méconnu peut-être, qui est la faible participation aux élections de l’AGL. Elle se situe aux alentours de 15 %. C’est fort peu. Et pourtant les étudiants avaient le choix, aux dernières élections, puisque 4 listes se présentaient. Ce qui est tout de même quelque 80 candidats, pour 52 postes à pourvoir. Alors, oui, la participation est faible, et il doit y avoir un problème qui va au delà du désintéressement de bon nombre pour la représentation. Mais avec cette participation de 15 % des étudiants, il reste néanmoins le lieu ou, sur base d’un programme, des étudiants sont le mieux élu. Ces éléments, à savoir le vote libre, des programmes et un vote lui confèrent ainsi malgré la faible participation une légitimité. Il n’en demeure pas moins que le taux de participation doit être augmenté et que des moyens conséquents seront nécessaires pour cela. Chacun doit être conscient de sa responsabilité, et il ne revient pas aux seuls élus AGL d’y remédier.
La question de l’information des étudiants est à cet égard primordiale : c’est vraisemblablement en faisant un gros effort de ce coté que l’on parviendra à augmenter le taux de votants. Et qu’un débat plus large pourra avoir lieu. Mais c’est un travail immense que d’informer 20 000 étudiants, avec certains qui kotent et d’autres pas, certains qu’on ne verra jamais au cours autant de descentes d’auditoires que l’on ferra,…Est-ce pour autant qu’il faille critiquer le ‘manque de transparence’ de l’AGL ? Non. L’AGL ne fait vraisemblablement pas l’effort d’acheminer le détail de son fonctionnement auprès des 20 000 étudiants (est-ce d’ailleurs possible ? ). Mais nous prétendons qu’elle reste malgré cela l’association la plus transparente du site : publicité des conseils et conseils ouverts à tous, information des positions et dossiers traités via la Savate, réponse aux diverses questions qui lui sont adressées, formalisation des décisions, prises par le comité ou le conseil,…Bien sûr, des efforts sont à faire, et le message envoyé ici est et sera entendu. Mais si manque de transparence il y a, ce n’est certainement pas volontaire. C’est surtout du au fait que d’une part, il faudrait plus d’énergies que ce que nous en avons, et que d’autres part, peu d’efforts sont faits pour se procurer l’information.
Nous en arrivons ainsi, pour conclure, à une double constatation : Un, le débat est ouvert. Une contribution des autres collectifs a été fournie, des étudiants s’activent, nous les en remercions. Deux, il y a matière à débat. Le rôle de l’AGL, son rapport à l’étudiant, ses modes d’actions sont discutés. Nous nous en réjouissons, et pensons que le moment est venu, après le congrès, pour questionner l’AGL sur ce qu’elle est et les options qu’elle entend défendre. Bientôt (mi février ?) auront lieu des élections qui seront l’occasion pour chacun de s’exprimer, en présentant sa vision des choses ou en votant. Il reviendra, après celles-ci, peut être à vous de vous exprimer à notre place. D’ici là, nous restons ouverts pour toute contribution.