Warning: Undefined variable $request_uri_reel in /home/clients/f61b1c4abc049173e0b139414b87511f/sites/archive.agora.eu.org/savate/header.inc.php on line 46

Warning: Undefined variable $request_uri_reel in /home/clients/f61b1c4abc049173e0b139414b87511f/sites/archive.agora.eu.org/savate/header.inc.php on line 46

accueil | les auteurs | les numéros | les thèmes | contact |		Warning: Undefined variable $SCRIPT_NAME in /home/clients/f61b1c4abc049173e0b139414b87511f/sites/archive.agora.eu.org/savate/header.inc.php on line 78 Deprecated: basename(): Passing null to parameter #1 ($path) of type string is deprecated in /home/clients/f61b1c4abc049173e0b139414b87511f/sites/archive.agora.eu.org/savate/header.inc.php on line 78

Article paru dans La Savate n°274, lundi 28 octobre 2002

Edito
Stupeurs
par François SCHREUER

Warning: Undefined variable $align in /home/clients/f61b1c4abc049173e0b139414b87511f/sites/archive.agora.eu.org/savate/graphics.inc.php on line 23 > Voir aussi : Bologne | Boule de neige au pays des autruches par Mathilde COLLIN, Alexis VAN ESPEN, n° 274, lundi 28 octobre 2002 Bologne | Le contexte : la marchandisation par François SCHREUER, John PITSEYS, Francisco PADILLA, n° 274, lundi 28 octobre 2002 Bologne | Etat des lieux : où en sommes-nous ? par François SCHREUER, n° 274, lundi 28 octobre 2002 Bologne | Pour s'y retrouver, petit lexique par Mathilde COLLIN, Gilles VERNIERS, n° 274, lundi 28 octobre 2002

C'est un peu comme un tremblement de terre : tout le monde sent qu'il se passe quelque chose mais on met un peu de temps à comprendre ce dont il s’agit. L'enseignement supérieur européen est entré dans une phase de grandes mutations. Et le mouvement – tectonique – a l'air si puissant qu'on n'a guère l'idée de s'y opposer. On se demande qui a ordonné ce grand chambardement et on ne parvient qu’à des réponses floues et insatisfaisantes. Bref, on pédale dans la choucroute. Bienvenue dans le monde merveilleux et bizarre du "processus de Bologne" (appellation inadéquate, on y vient).

Pour comprendre, il faut sans doute remonter au traité de Rome (1957), puis aux accords de Schengen qui ont instauré la liberté de circulation des personnes, des biens et des services à l'intérieur de l’Union européenne. De fait, un champ social nouveau s’est créé, ou est en train de se créer. Nous ne sommes plus seulement belges, britanniques, portugais, ou suédois, mais nous sommes consommateurs aux Pays-Bas, employés en France, touristes en Finlande,... étudiants en Italie. Que voilà une belle avancée de civilisation.

Oui,... mais. L'Europe, malgré son immense mansuétude, a oublié de prévoir certaines des modalités d'application qui auraient pu mettre de l'huile dans les rouages. Ainsi, pas de lignes directrices en matière d’impôt et voilà les pays qui se concurrencent mutuellement dans un infernal dumping fiscal dont les pouvoirs publics sortent affaiblis. Des conditions sociales communes pour les travailleurs européens ? Trop peu. Et des règles communes pour l'enseignement ? Forcément, encore moins.

Dès lors, les règles ont tendance à s'écrire toutes seules. Enfin, "toutes seules", on s'entend : à s'écrire par le bas. Chaque institution d’enseignement supérieur, désireuse d'exploiter les nouvelles possibilités qui lui sont offertes par l’immense espace européen qui désormais ouvert, va conclure des partenariats avec d'autres, puis encore avec d'autres. Par exemple, depuis plusieurs années, l'UCL a lancé le "groupe de Coïmbra", réunissant une série de prestigieuses universités européennes (Oxford, Bologne, Heidelberg,...) qui se reconnaissent mutuellement. L'harmonisation européenne de l'enseignement supérieur se réalise donc dans les faits plus que dans le droit.

Et Bologne là-dedans ? Il s'agit seulement d'un papier de trois pages, sans aucune valeur juridique, d'une déclaration d'intentions signée le 19 juin 1999 par 29 ministres européens (à un niveau donc beaucoup plus large que celui de l'Union européenne) soucieux d'accompagner un processus qui leur échappe en bonne partie. S’en est suivi un phénomène de "fédération symbolique" autour de ce repère, tout le monde se rattachant au seul élément fixe et visible et à la caution politique que représente cette déclaration. Et tout le monde parle de "processus de Bologne" (ce qui explique l'"appellation inadéquate"). On appelle cela de la soft law.

L'enjeu est donc celui de la démocratie. Comment apprivoiser, domestiquer des phénomènes, dont la nature tient à la mondialisation ? Il faut créer du droit – un traité social européen, par exemple – et bâtir des instances démocratiques, réellement démocratiques.

Nous publions donc dans les pages qui suivent un premier dossier sur cette vaste question, forcément incomplet, qui dresse un état des lieux partiel d'une réflexion en pleine évolution sur un dossier très mouvant et dont les possibilités d'interprétations sont nombreuses. Nous espérons ainsi participer à une nécessaire prise de conscience de la part des étudiants, mais aussi susciter un peu plus de débat sur les enjeux essentiels qui seront développés dans les pages qui suivent.