Il y a un an, nous faisions déjà un dossier sur le numerus clausus. Les étudiants sont dans l'attente d'une réponse politique à leurs questions mais celles-ci ne trouvent aucun écho chez les ministres fédéraux responsables (Madame Alvoet et Monsieur Vande Lanotte). Le gouvernement arc-en-ciel n'est pas dispensé d'entendre les questions légitimes des étudiants, de leurs parents et de la société en général. S'il était en troisième candidature de médecine, le gouvernement ne se verrait pas attribuer le visa pour le deuxième cycle : dans l'évaluation, il est tenu compte des qualités humaines.
Pour rappel, le Numerus Clausus a été instauré pour diminuer le nombre de médecins pouvant pratiquer la Médecine dans le cadre de l'Assurance Maladie-Invalidité (INAMI). L'argument - qui a déjà montré ses failles - prétend que le nombre d'actes médicaux diminuera et ainsi la Sécurité Sociale réduirait ses dépenses en soins de Santé. Mais pour qu'une réduction du nombre de médecins devienne une décision politique rationnelle, il faut qu'il y ait pléthore. Et c'est ici que les Romains s'empoignèrent. Les étudiants et un certain nombre de médecins et de Professeurs ne sont pas d'accord avec l'analyse du cabinet Alvoet. Les rapports se croisent, se contredisent. Il apparait donc que le Numerus Clausus ne peut être jugé comme une décision rationnelle, basée sur des chiffres et des faits qui transcenderaient toute idée politique par leurs évidences. Que nenni. Il ne s'agit en la matière que d'une décision politique basée uniquement sur une image que l'on se fait de la solidarité. Et dans ce domaine, les ministres Alvoet et Vande Lanotte ont des idées très personnelles.
Manifestations, actions diverses, informations auprès du public n'ont que peu accroché le monde politique. Il y a eu le vote par le Parlement de la Communauté française d'une motion. Motion qui n'a eu aucun effet, même pas celui de réveiller le débat au sein du gouvernement fédéral. Ce gouvernement brille donc par son absence et sa surdité aux problèmes que sont la liberté d'accès à l'enseignement et la pérennité du système médical belge (pas du point de vue économique mais de celui de sa qualité. Un jour nous serons - comme les anglais - peut-être obligés d'envoyer les nôtres à l'étranger pour se faire soigner).
Pour une approche des problèmes de santé, je ne saurais trop conseiller la lecture d'un dossier paru dans la Revue Nouvelle, il y a quelques mois (je n'ai malheureusement pas la possibilité de vous donner les références à l'heure où j'écris cet article) : vous y verrez une analyse approfondie -avec entre autres un article du Professeur Van Parijs.
Ce 13 septembre, aux valves de la Faculté de Médecine à Woluwé, 9 étudiants apprenaient que leurs études s'arrêtaient ici. Malgré un diplôme de candidat en Médecine décerné quelques jours plus tôt, ces étudiants ne continueraient pas plus en avant. Certains d'entre eux ont décidé de faire un recours avec l'aide de la FEF.
Pratiquement, les demandes émanant des étudiants - espérons être un jour rejoins par la société civile - sont de deux ordres. Le premier niveau, niveau communautaire, concerne un réarrangement des modalités de la sélection de l'évaluation (fin du premier cycle versus après deux ans ou examen d'entrée.); ce réarrangement doit réunir l'ensemble de la communauté étudiante. Cette demande est celle du Cercle Médical de la Faculté (qui a un rôle plus proche des étudiants et qui essaie par là de limiter la casse (psy, financier, capital confiance,.). A un autre niveau, fédéral, la FEF, l'AGL et le Cercle Médical demande l'abrogation pure et simple du Numerus Clausus. Ces deux demandes ne sont pas illégitimes car elles se situent à deux niveaux d'une démarche recherchant par tous les moyens le bien-être de l'étudiant. Ces deux demandes sont indépendantes puisqu'elles se situent à des lieux idéologiques différents. On peut vouloir la Paix et la disparition du mal dans les villes et en même temps, développer une police ! (métaphore qui vaut ce qu'elle vaut.).
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine,...
Baudelaire
C'est pour éviter un nivellement par le bas de la conscience citoyenne qu'il faut encourager toute action du corps social (ou une partie de celui-ci) contre des idées politiques qu'il juge toxiques.
Malgré les horreurs que connaît notre monde et gardant raison, ayons quand même une pensée pour ces étudiants qui voient peut-être leur rêve détruit par une décision politique dont on peut douter qu'elle soit juste.