Comme nous en parlions la semaine dernière, le ministre des affaires sociales, Frank Vandenbroucke (SP.A) a annoncé récemment 3 volets de mesures dans le monde de la kinésithérapie. Celles-ci ont toutes pour objet de réduire les coûts supportés par la Sécurité Sociale.
La première incite à la reconversion des kinés pratiquant actuellement. La deuxième vise à diminuer le nombre maximum des prestations remboursées dans le cas des pathologies non-graves. Enfin, la troisième vise directement les étudiants, actuels et futurs. En effet, le ministre propose de n'attribuer le titre de kiné qu'à un nombre limité de diplômés. Pour ne rien arranger, le remboursement des prestations par l'INAMI ne serait destiné qu'à un nombre plus limité encore de praticiens, à savoir 450 nouveaux entrants dans la profession chaque année dont 180 francophones. De plus, la sélection se fera par tirage au sort. Pour donner une idée de la catastrophe qui se prépare pour les étudiants en cours de cursus, plus de mille étudiants sortent actuellement des filières de kiné en université ou Hautes Ecoles. 550 resteront donc sur le carreau après 4 années d'études supérieures reconnaissant qu'ils seront tout à fait aptes à exercer.
C'est donc un véritable drame qui couve du côté de la place de Coubertin. Des étudiants sont en train de suivre des études quasiment sans débouchés professionnels. De surcroît, ce n'est pas la première lubie du genre dans le monde des soins de santé. Une limitation de l'octroi des licences INAMI frappe déjà les médecins. Si la mesure est entièrement inacceptable, ne soyons pas pour autant démagogiques. Le financement de la Sécurité sociale dans un système de médecine libérale (libre choix du praticien par le patient et du traitement par le soignant) pose des problèmes inextricables. Et les enjeux sont énormes et ne peuvent être balayés d'un revers de main. Cependant, on ne peut admettre que les étudiants soient systématiquement les victimes d'un système dont ils ne sont pas responsables et dont ils n'ont pas abusé. Il est tout aussi inacceptable que, de fil en aiguille, la liberté d'accès à l'enseignement supérieur et le libre-choix des études s'érodent et soient remis en cause dans leur principe même.
Pour informer tous les étudiants, en particulier les étudiants en kinésithérapie, une assemblée d'information et de mobilisation sera organisée le mardi 19 février à 19h30 au Coubertin dans l'institut des kinés. Une manifestation nationale est prévue à Bruxelles, en solidarité avec les étudiants en kinésithérapie ce mercredi 20 février. Départ à 12h30 à la gare. Ce sera une occasion de plus de manifester l'attachement des étudiants à une réelle liberté d'accès aux études supérieures et à dénoncer les entraves de plus en plus nombreuses à l'accès aux professions.