A l'appel de l'Assemblée Générale des étudiants de Louvain et du Cercle médical Saint Luc, environ 300 étudiants de la Faculté de Médecine se sont rassemblés sur la place Carnoy. Les étudiants témoignaient de leur soutien vis-à-vis de leurs camarades empêchés dans la poursuite de leurs études malgré la réussite des exigences académiques (c'est-à-dire l'obtention du diplôme de candidat en médecine).
Ce mouvement se fondait sur le refus d'inscriptions et des dommages collatéraux produits par un reclassement une semaine après le classement provisoire. L'AGL comprend bien la notion de classement provisoire mais estime que les étudiants (et tout être humain, d'ailleurs) ont, dans leur psychologie, une propension à percevoir des informations si libératrices (un stress de 3 ans) comme définitives. L'AGL estime en outre que la position de la Faculté dans cette décision de reclassement faisait montre d'une grande responsabilité en permettant à cet étudiant (victime d'une erreur administrative) de réintégrer le quota.
Pour rappel, 9 étudiants de l'UCL (24 en Communauté Française) sont touchés par l'application du décret communautaire fixant les quotas d'étudiants admis en deuxième cycle. (Même si en théorie, c'est l'accès au troisième cycle qui est subordonné par l'obtention de cette attestation). Ce décret (dont la compétence dépend de Françoise Dupuis, Ministre de l'enseignement supérieur de la Communauté Française), met en oeuvre la loi fédérale de limitation de l'accréditation par l'INAMI des nouveaux médecins à partir de 2004 (il s'agit ici d'une compétence de Magda Aelvoet, Ministre Fédérale de la Santé Publique et de Franck Vandenbroucke, Ministre Fédéral des Affaires Sociales).
Toutes ces mesures visent la diminution des dépenses en soins de santé. L'AGL veut souligner le fait que d'autres mesures, pour le moins plus efficaces, peuvent mener au même résultat : généralisation de l'Evidence Based Medicine et des guidelines en matière de stratégie diagnostique et thérapeutique, statistiques rationnelles et raisonnables en ce qui concerne la démographie médicale, mise en place d'un plafond d'âge pour l'exercice de la médecine, favoriser les actes intellectuels des médecins aux dépens des examens paracliniques parfois exagérément prescrits, etc). Les étudiants se demandent pourquoi l'état fédéral fait peser sur eux la quasi-totalité des mesures mises en oeuvre pour sauver le budget de la sécurité sociale et lancer la Belgique sur le rail du concept pervers d'état social actif... idée chère au ministre Vandenbroucke.
Dans une autre optique et pour rester en phase avec le projet étudiant qui émerge depuis quelques années, l'AGL souhaite rappeler un des piliers du mouvement étudiant (résumé dans une note de la FEF : http://www.fef.be). Ce pilier dont se nourrit toute notre réflexion est celui de la liberté d'accès à l'enseignement. Cet article essaye de faire émerger un débat au sein de la faculté de Médecine (et des autres facultés, universitaire nous voulons être, en universitaire nous nous comportons). Une question importante qui traverse le débat sur le Numerus Clausus est celle du niveau de pouvoir qu'il faut "attaquer". Soit on ne demande que l'abrogation au risque d'assister à un pourrissement de la situation que vivent, au jour le jour, les étudiants. Soit de demander à la fois abrogation et modification du mode de sélection (examen d'entrée, sélection en fin de première candi, etc), au risque de participer à un nouveau système pour lequel on nous refuserait, à l'avenir, toute contestation puisque mis au point avec les étudiants. Le risque n'est-il pas parfois de demander beaucoup mais de rester cohérent ? Donnez-nous votre avis via agllew@hotmail.com (objet : numerus clausus).
Ce lundi, le Conseil d'Etat a pris les premières décisions concernant les recours des étudiants hors du quota : un étudiant de Liège (ULg) se voit autoriser à s'inscrire au deuxième cycle sans l'obtention d'une attestation (donc sans numéro INAMI) et ce contrairement à ce que l'on a pu entendre de personnes apparemment mal informées. Ce mardi, le Conseil des recteurs d'expression francophone devrait prendre la décision d'autoriser l'inscription des étudiants surnuméraires, étudiants qui représentent une épine dans le pied de nos décideurs politiques.
En conclusion, l'AGL demande aux responsables politiques de prendre une décision vis-à-vis d'un système arbitraire de sélection. Arbitraire, tant dans le fond (le concept de pléthore n'est toujours pas documenté de manière univoque, les rapports contradictoires entre eux font légion) que dans la forme. Rappelons, pour finir, que ces étudiants, malgré l'autorisation d'inscription, se retrouvent dans une situation inconfortable, leur avenir étant passablement fermé... c'est le moins qu'on puisse dire. Le devenir de ces étudiants est sous la responsabilité des mandataires politiques.